lundi 14 janvier 2013

Le chant de la steppe

Un extraordinaire voyage musical à travers les steppes mongoles m'a été proposé vendredi soir dernier à l'auditorium du Musée Guimet !

J'ai découvert la pratique du "chant long", un art vocal mongol qui repose sur un chant aérien dont les syllabes sont prolongées et nécessite une tessiture considérable, une virtuosité dans l’improvisation rythmique ainsi qu'une grande maîtrise respiratoire. Qualités détenues par la formidable chanteuse Baadma. L'ouïe des spectateurs est flattée mais leur vue n'en est pas délaissée pour autant: les habits traditionnels portés par le trio sont resplendissants de richesse et de finesse dans leurs brodures et les couvre-chefs de Baadma laissent rêveur...

Les chants et la musique mongols puisent leur inspiration dans la culture nomade, la nature (notamment par la louange du cheval) et les mythes cosmogoniques ancestraux. Ils tentent d'exprimer cette relation spirituelle et cosmique avec la nature. J'ai effectivement ressenti ce fort lien à la nature à l'écoute de ces chants majestueux. On s'imagine aisément parcourant l'immensité des steppes, bravant le vent et le froid (la température peut atteindre -40 en hiver!) à dos de cheval...
Les deux musiciens, Naranbaatar Purevdorj et Nasanbaatar Ganbol, accompagnent la chanteuse au luth et à la vièle morin khuur (dite, vièle "à tête de cheval"), instrument à deux cordes, emblématique de la tradition musicale mongole.
La légende dit: “Il y a très longtemps, un chanteur de grande réputation fut mobilisé par l’armée et envoyé à la frontière de la Mongolie. Il y rencontra une belle princesse qui lui fit cadeau d’un cheval ailé. Une femme jalouse découvrit son secret et coupa les ailes du cheval. Celui-ci mourut aussitôt. L’homme était très triste, il se mit à sculpter la tête de son cheval sur un manche, qu’il fixa sur un bol en bois recouvert de la peau de l’animal. En prenant quelques mèches de crin pour confectionner l’archet et les cordes, il parvint à en imiter le hennissement.”

Nabaar et Nasaar pratiquent aussi le chant diphonique, une technique vocale qui fait entendre deux sons simultanés : un bourdon grave et rauque et une mélodie aiguë à partir des harmoniques de la fondamentale. Ce sont ces prouesses vocales qui m'ont le plus surprise! Cette technique fait entendre des sons gutturaux envoûtants et mystérieux qui résonnent encore dans ma tête. On croirait la musique d'une guimbarde sortie des seules cavités buccales et nasales des chanteurs!

Une magnifique découverte musicale que ces chants de la steppe mongole!
Un extrait à écouter ici

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