mercredi 15 mai 2013

Nos étoiles contraires, John Green

Quel bonheur d’avoir encore un bouquin pareil à découvrir !
Tout le monde parle de John Green et de son dernier roman, fabuleux, magistral, voire « qui frôle le génie » selon le Time Magazine qui l’a élu meilleur roman 2012. De quoi mettre la pression à tout lecteur potentiel ! Allais-je faire partie de l’unanimité approbatrice ?
Au début de ma lecture, ça m’a fait sourire. Je me suis dit : « voilà un beau roman pour ados avec des ados cyniques et caustiques comme il faut ! ». Et puis, je n’ai pas lâché le livre. Tant pis si les gens me voient la larme à l’œil dans le métro, tant pis si je ris en même temps que je pleure, tant pis si je loupe l’arrêt, tant pis si je ne dors pas beaucoup cette nuit, je lis Nos étoiles contraires, bon sang !
C’est une histoire aussi vieille que les étoiles, aussi éclatante qu’elles. C’est l’histoire de deux personnes qui s’aiment. C’est l’histoire d’Hazel Grace, seize ans, cancer de la thyroïde en stade terminal, amatrice de poésie, de télé-réalité et d’humour noir. Et d’Augustus Waters, dix-sept ans, unijambiste, séduisant séducteur qui achète des clopes pour ne pas les fumer, intelligent, généreux, pétillant – une bulle de champagne sur la Terre.   
On rencontrera aussi Isaac, futur aveugle, ado amateur de jeux vidéo et de roulages de pelles avec la belle Monica , Patrick, le miraculé des testicules, Peter Van Houten, l’écrivain, idole de la jeune Hazel, alcoolique et ventripotent.
C’est une histoire triste qui parvient à être drôle. Un livre qui fait réfléchir et relativiser. Un livre qui nous fait aimer la vie et qui nous fait aimer davantage les gens qu’on aime. Un livre qu’on voudrait ne pas avoir lu pour pouvoir le lire pour la première fois.
Chanceux, je vous envie…

mardi 14 mai 2013

Le Dernier Lapon, Olivier Truc

Je ne lis que très très peu de polars, ce genre ne m'attirant pas particulièrement. Mais au Salon du livre, j'ai rencontré M. Truc, journaliste français vivant à Stockholm depuis vingt ans, spécialiste des pays nordiques et baltes et j'ai eu envie de lire son livre.
Premier roman d'Olivier Truc, Le Dernier Lapon nous transporte par moins 40 degrés dans la toundra de la Laponie centrale. Tout semble calme et figé dans ces contrées glaciales et lointaines pourtant de lourds secrets bouillonnent sous terre et dans la mémoire des habitants de Kautokeino. En l'espace d'une quinzaine de jours, la vérité va éclater et faire la lumière sur une tragédie remontant au XVIIe siècle! 

Un tambour du patrimoine lapon est volé avant même d'être exposé, un éleveur de rennes est retrouvé mort les oreilles découpées, un géologue français s'intéresse de trop près aux jeunes filles de la région... L'inspecteur de la police des rennes, Klemet, et sa collègue Nina mènent l'enquête et les surprises jaillissent les unes après les autres jusqu'au dénouement final explosif. Qui est cet Aslak au regard magnétique qui vit comme un éleveur ancien sans scooter des neiges, boit du sang de renne au petit-déjeuner et castre son troupeau à coups de canines ? Que s'est-il passé durant l'expédition de Paul-Emile Victor en 1939 qui a causé la mort d'un géologue allemand? Quelle est la signfication du joïk, ce chant traditionnel sami, prononcé par Mattis juste avant sa mort?
Alors que la durée d'ensoleillement quotidienne augmente de quelques minutes au fil des pages, la lumière se fait sur l'intrigue policière brillamment nouée par Olivier Truc.
Un roman noir des plus lumineux sur la vie et les traditions du peuple sami. Un thriller haletant digne des plus grands polars polaires, une véritable aventure ethnologique!

vendredi 10 mai 2013

Deux jours en Bourgogne

Ou comment profiter de deux jours fériés d'affilée quand on ne fait pas les ponts de mai!

- Mardi 07 mai: train pour Dijon. Arrivée prévue à 22h30. Arrivée réelle: 23h. J'ai réservé une chambre à l'auberge de jeunesse Ethic Etapes de Dijon. Désillusion. L'énorme bâtisse excentrée n'a rien à voir avec les charmantes, ou du moins originales, petites auberges trouvées en Belgique, au Portugal ou dans mes voyages en Amérique du sud. L'ensemble hôtelier est austère, l'accueil froid et les prix élevés. La propreté de la salle de bain laisse à désirer et les nombreux claquements de portes nous réveillent à l'aube. Bref, une étape à déconseiller!

- Mercredi 08 mai: départ pour Beaune. Sur la route, nous nous arrêtons, intrigués par les toits magnifiques du château d'Aloxe-Corton. Petite marche dans ce village plein de charme et de tuiles.
Château de Corton André
Randonnée et pique-nique dans la "Montagne" de Beaune, une balade classique mais très agréable à travers les vignes et les forêts de pins.
Bien sûr, nous ne pouvions manquer la visite des hospices de Beaune! Les audioguides nous permettent de découvrir l'histoire de l'Hôtel-Dieu à travers les yeux de ses fondateurs, Nicolas Rolin et son épouse Guigone de Salins. En 1443, Nicolas Rolin souhaite faire œuvre de charité et dirige la fondation d'un hôpital gratuit pour y prodiguer des soins aux pauvres. Le lieu est digne d'intérêt pour son histoire et son étonnante conservation, témoin de l'architecture médiévale mais aussi pour les meubles et objets d'art qu'il contient. Sa pièce la plus célèbre demeure le polyptyque du Jugement Dernier de Rogier van der Weyden.
Après les tapisseries, place aux pâtisseries! Courte halte à la délicieuse pâtisserie Jean Ourvois, rue Carnot.
Marche dans le centre-ville sous petite pluie fine.
Alors que nous nous dirigeons vers le village de Pommard, nous remarquons un sympathique bar au bord du boulevard Maréchal Foch, le Café du Square. Nous nous rendons compte qu'il est grand temps de déguster un verre de vin en pays bourguignon! Bien nous en a pris! Le patron très accueillant nous propose une bouteille de vin blanc de Pernand-Vergelesses, sec et puissant, un bon choix! 
Le soir tombe, nous aurions aimé dîner au Goret, restaurant apprécié situé derrière la basilique de Beaune mais, victime de son succès, il était archi-complet.
Nous commandons alors une pizza à emporter et quittons Beaune afin d'installer notre campement sur les hauteurs de Pommard.

- Jeudi 09 mai: Mon héros nous prépare le thé matinal. Pas au Butagaz, non! Un fond de canette et un peu d'alcool à brûler suffisent! Pour en savoir plus sur ce réchaud à la Mc Gyver: http://www.randonner-leger.org
Vue sur Volnay
Promenade pédestre entre Pommard et Volnay, le sentier de randonnée est indiqué à partir de la place de l'église de Pommard. 
Quatre saucisses chez le boucher, du pain frais et c'est parti pour un barbecue au feu de bois dans les collines.
Direction Nuits-Saint-Georges pour une dégustation au château de Prémeaux, un régal! 

Deux souvenirs olfactifs et gustatifs inoubliables: le Côte de nuits Villages 2009, au nez puissant et envoûtant de cassis, coup de cœur du guide Hachette des vins 2013 et on comprend pourquoi! Et le Nuits Saint-Georges 1er cru «Clos des Argillières», fierté du Château, une forêt en bouche: champignons, bois humide et livres anciens, un goût fort et exceptionnel!
Retour sur Dijon, où l'on admire le centre-ville coquet et rénové à merveille suite à la récente installation du tramway, la cathédrale Saint-Bénigne imposante et majestueuse, l'église Saint-Michel, le théâtre créé au sein d'un lieu saint...

Deux jours en Bourgogne ou un merveilleux week-middle en amoureux!

mardi 7 mai 2013

Happy! de Naoki Urasawa

Je connaissais Naoki Urasawa pour ses mangas pour adultes si novateurs, piliers du manga-thriller: Pluto, Monster, 20th Century Boys. J'ai découvert il y a peu la saga d'Happy!  dont j'ai englouti en un rien de temps les huit premiers volumes (seuls disponibles dans ma médiathèque). La série compte quinze volumes en version Deluxe Panini.Plus ancienne, pleine de fraîcheur et d'optimisme, elle nous plonge dans l'univers sportif du tennis. Depuis le décès de ses parents, la jeune Miyuki Umino se charge tant bien que mal d'élever ses trois petits frères et sœurs à l'estomac insatiable tout en poursuivant ses études. Mais un jour, des créanciers débarquent chez elle et lui réclament la somme monumentale de deux cent cinquante millions de yens afin de rembourser les dettes de son frère aîné en fuite. Miyuki, décide de se remettre au tennis et de devenir championne. Elle rencontrera de multiples obstacles sur la voie de la victoire, néanmoins nombreux seront ceux à donner leur énergie et leur amour pour lui venir en aide: du voyou au grand cœur Sakurada à la joueuse professionnelle Kaku jusqu'au séduisant fils à maman Keïchiro Ohtori.
Je ne pensais pas accrocher à un manga sportif et pourtant j'ai été complètement em-ballée par l'intrigue efficace bien que simple et les dessins d'Urasawa. Umino, jeune sainte des temps modernes, bien souvent trop innocente et trop naïve va devoir affronter les humiliations, les moqueries et les jalousies du milieu professionnel du tennis. Elle sera notamment la victime docile et aveugle des malices de la star adulée du tennis junior, Choko Ryuugasaki.
Si on peut se lasser de ressorts narratifs répétitifs et du caractère crédule de notre héroïne, les tournois de tennis sont captivants et on ne veut plus lâcher le manga une fois en mains!


dimanche 5 mai 2013

FREADOM !

Organisée par la ALA (American Library Association), la semaine pour la liberté de lire, la Banned Books Week, est un événement annuel qui lutte contre la censure et prône le libre accès à l'information. Cette manifestation rassemble tous les acteurs et amateurs du livre: éditeurs, libraires, bibliothécaires, journalistes, enseignants et bien sûr, lecteurs! Parce que la censure existe encore lorsque des passages sont retirés d'ouvrages ou que des directives sont données aux écoles et aux bibliothèques afin qu'elles diffusent certains livres et pas d'autres...

Pour en savoir plus: http://www.bannedbooksweek.org/

samedi 4 mai 2013

Trois Femmes puissantes, Marie NDiaye

Tandis que le nouveau roman de Marie NDiaye, Ladivine, paru chez Gallimard en février dernier parle lui aussi de trois femmes aux prises avec le merveilleux et la pression de l'appartenance familiale, je publie enfin un article sur Trois Femmes puissantes qui valut à son auteure le prix Goncourt en 2009.

Il s'agit d'un roman composé de trois histoires qui nous dressent le portrait développé ou seulement suggéré de femmes entre la France et le Sénégal qui sont confrontées à la violence, la réalité décevante et douloureuse, la pression familiale, l'indifférence ou l'indécision des hommes mais qui luttent pour reprendre en mains leur destin.
Quel est le fil d'Ariane qui nous permet de lire ces trois récits comme une unité?
Qui sont ces trois femmes "puissantes" pourtant malmenées, humiliées, voire dégradées par la narration?

Il y a d'abord Norah, 38 ans, avocate parisienne, femme émancipée et ambitieuse qui accepte de se rendre en Afrique à la demande de son père alors que ce dernier l'a abandonnée trente ans auparavant pour acheter un village de vacances prospère au Sénégal et y élever son unique fils Sony. Confrontée à des souvenirs profondément ensevelis et à la déchéance d'un père autrefois dominant, Norah va tout faire pour sortir Sony de prison, accusé du meurtre de sa belle-mère. La puissance de Norah réside dans sa persévérance et sa détermination.

Il y a Fanta, devenue professeure de lettres au lycée Mermoz de Dakar par la force de son opiniâtreté et de son travail acharné. Fière, belle, intelligente, elle épouse Rudy Descas, un Français, svelte et beau parleur qui l'emmène au fin fond de la Gironde où elle perd peu à peu ses rêves, ses ambitions et son amour pour lui. Mais à travers le monologue intérieur de Rudy, elle apparaît comme une figure mystique et toute-puissante, buse menaçante qui conduit son époux sur le chemin de la réaffirmation de soi.

Enfin, le dernier récit nous présente, dans un réalisme violent, Khady Demba, une jeune veuve sans descendance, rejetée par sa belle-famille et forcée à l'exil. Khady, dans son calvaire vers la France, sera violentée par les hommes, trahie et volée par son compagnon de route, Lamine. Cependant, la tête haute, toujours, Khady criera au monde son existence jusqu'à la fin.
« De telle sorte qu’elle avait toujours eu conscience d’être unique en tant que personne et, d’une certaine façon indémontrable mais non contestable, qu’on ne pouvait la remplacer, elle Khady Demba, exactement, quand bien même ses parents n’avaient pas voulu d’elle auprès d’eux et sa grand-mère ne l’avait recueillie que par obligation- quand bien même nul être sur terre n’avait besoin ni envie qu’elle fût là. »

Si chacune de ces trois histoires raconte une brisure, Marie NDiaye délivre ses personnages au fil du récit et donne l'espoir d'une réconciliation, d'une réparation par le biais de la métamorphose et de l'allégorie des oiseaux.
La plume de Marie NDiaye, voluptueuse et tendre en surface n'en reste pas moins aiguisée et incisive, apte à dévoiler toute une profondeur introspective. Trois Femmes puissantes est une plaie béante qui invite le lecteur
à plonger au cœur de l’intime. Marie NDiaye donne une voix à ces femmes souffrantes qui endurent humiliation, violence et désillusion sans abandonner leur « inaltérable humanité ».
A travers ces trois récits, l’écrivain franco-sénégalaise nous conte l’histoire d’une épiphanie, celle de la métamorphose de femmes puissantes à qui l’on a coupé les ailes mais qui parviennent tout de même à prendre leur envol.
« C’est moi, Khady Demba, songeait-elle encore à l’instant où son crâne heurta le sol et où, les yeux grands ouverts, elle voyait planer lentement par-dessus le grillage un oiseau aux longues ailes grises_ c’est moi, Khady Demba, songea-t-elle dans l’éblouissement de cette révélation, sachant qu’elle était cet oiseau et que l’oiseau le savait. »




Qu'est-ce que la catégorie L'amour de lire ?

Aujourd'hui, je crée une nouvelle catégorie sur mon blog: L'amour de lire.
Sous ce libellé, je placerai des photos glanées de-ci de-là, je présenterai des maisons d'édition peu connues, des actions réalisées en faveur de la promotion de la lecture.
Bref, L'amour de lire me permettra de partager avec vous la beauté et la puissance des livres par des articles sérieux ou insolites!

jeudi 2 mai 2013

Bride stories, Kaoru Mori

Asie centrale, milieu du XIXe siècle. Amir est une cavalière hors-pair et sait manier l'arc comme personne! A vingt ans, elle doit épouser Karluk, un jeune garçon de douze ans qui appartient à un autre clan que le sien. Intimidée, la jeune femme tente de s'accoutumer aux usages et aux traditions de sa nouvelle famille: cuisson du pain, broderies, etc. Alors qu'elle commence à s'attacher à son époux et à s'intégrer à sa belle-famille, le frère aîné d'Amir est chargé de l'enlever pour la marier au chef d'un autre clan afin de contracter une alliance. Amir et son si jeune époux parviendront-ils à résister?
Kaoru Mori nous offre un superbe manga très bien documenté historiquement, aux dessins d'une précision et d'une finesse admirables. Une manière agréable de s'instruire!